• Ouvrage : Per aspera…, 320 p.
  • Éditeur : Éditions du compositeur Издательство « Композитор »
  • Auteur : Vsevolod Vsevolodovitch Zaderatsky
  • Langue : Russe
  • Date de publication : juillet 2009

Vsevolod Vsevolodovitch Zaderatsky signe ici un livre sur l’œuvre et la vie de son père. Cet ouvrage, très documenté, comprend de nombreuses analyses musicologiques d’oeuvres de Vsevolod Petrovitch, incluant des extraits de partitions venant souligner le propos. « Per Aspera… » a été salué par la critique musicale russe comme « Livre de l’année ».

Ce volume est également riche de nombreuses photographies et se termine par un catalogue complet de ses œuvres et des partitions publiées à ce jour. J’ai mis à jour les articles correspondants sur ce site à partir de cette source : œuvres et partitions publiées.

Mikhaïl Segelman, commentateur musical de la radio « Orfeus » et rédacteur à la « Revue Musicale » de Moscou a publié en octobre 2009 dans cette revue un article de présentation du livre dont voici une traduction :

« L’histoire de la musique renvoie souvent à la réalité des grands musées d’art ou des plus importantes galeries de peinture : la plupart des pièces composant leurs collections « vivent » dans les réserves. Mais il suffit qu’elles apparaissent dans notre champs de vision, pour que souvent s’effondrent nos schémas familiers et que se brisent, non sans difficultés, nos perceptions stéréotypées. Dans la musique nationale russe du XXème siècle (autrefois appelée « soviétique »), on trouve beaucoup de « tableaux dans les réserves » : beaucoup trop de compositeurs et leurs œuvres ont été rayés des processus artistiques et placés « hors l’art », avant tout pour des raisons idéologiques et politiques.

Dans les traditions de notre pays, le destin douloureux du héros se reporte sur son œuvre. Bien entendu, certains noms sont à juste titre oubliés. Mais souvent, hélas, on en reste à un schéma facile : si un nom a été oublié, c’est qu’il a été justement oublié. Il n’y a rien de plus épouvantable que d’être victime d’un tel « oubli artificiel », rappelant soit le postulat marxiste de la pratique comme critère de vérité, soit le fameux système de la « reine des preuves » du procureur Vichinsky. En effet, chez de trop nombreux « inculpés », il n’était pas simple d’avoir ne serait ce qu’une chance d’être entendu !

Chez le compositeur Vsevolod Petrovitch Zaderatsky (1891-1953), une telle chance s’est manifestée dans la dernière décennie, au commencement des années 2000. D’être l’élève de Sergueï Taneïev et de Mikhaïl Ippolitov-Ivanov lui ouvre assurément la voie des salles de concert. Sa technique de premier ordre, l’originalité de son style (dont les principales composantes sont le néo-romantisme, le néo-impressionnisme et le constructivisme), mais surtout la force et la spontanéité de son écriture influencée par sa personnalité de compositeur qui a dû se battre, toutes ces qualités expliquent le succès de sa musique auprès des auditeurs et des professionnels.

La sortie du premier livre sur la vie et l’oeuvre de Vsevolod Zaderatsky intervient dans le prolongement logique de la publication de partitions et de CD. De fait, cela fait surgir du néant la grande et tragique figure du compositeur russe. L’auteur du livre est le musicologue russe Vsevolod Vsevolodovitch Zaderatsky, fils du compositeur, lauréat du prix d’État de la Russie, docteur en arts, professeur au conservatoire de Moscou.

Le très haut niveau d’exploration analytique, la richesse de la documentation directe (lettres, archives familiales, souvenirs et témoignages) rend assurément le livre intéressant et indispensable aux lecteurs pour appréhender une expérience musicale différente. Mais la force principale du livre tient dans la variété des styles et des genres de l’étude. Sont abordés l’homme et l’œuvre, sa famille, son pays, pas simplement comme divers sujets d’étude, mais comme des tranches d’histoire personnelle et collective : de leur interaction nait l’authenticité et l’intégrité contradictoire du livre. Tout au long de la narration, l’auteur se transforme de musicologue en mémorialiste, d’adulte en enfant, de témoin direct en acteur des évènements.

Le titre du livre : « Per aspera… » est un fragment d’une locution latine qui ornait toutes les maisons où le compositeur a vécu (et il y en a eu beaucoup !) ; Elle est aujourd’hui gravée sur sa pierre tombale. Nulla dies sine linea/Per aspera ad astra. (« Pas un jour sans une ligne/Par des sentiers ardus jusqu’aux étoiles »). Pour l’auteur de ces lignes, le titre cache un double sens : étant passé par les affres de la paresse et de l’inertie, il nous faudra encore faire l’effort d’entendre la musique de Vsevolod Zaderatsky ou plutôt lui donner une chance d’être entendue, ce qu’elle mérite vraiment. »

L’auteur

Vsevolod Vsevolodovitch Zaderatsky est né le 9 juin 1935 à Iaroslavl (300 km au nord de Moscou). Ce musicologue russe est professeur au conservatoire Tchaïkovsky de Moscou. Il a publié à Moscou des ouvrages sur Chostakovitch et Stravinsky et un traité de musicologie. il a reçu en 2003 le Prix d’Etat de la Fédération de Russie, conjointement avec Vladislav Kazenin et Alexandre Sokolov, pour le projet de l’Académie Musicale du « Nouveau mouvement des Ambulants », réalisé dans les années 90 et dont il fut le directeur.

Ce projet visait à assurer la mise en œuvre d’un programme de culture nationale et d’éducation restaurant la tradition russe de rayonnement musical, comprenant des masterclass, des séminaires d’interprétation, des conférences et des festivals de musique classique et contemporaine. Sa constance et sa détermination à faire connaitre l’œuvre de son père a permis de commencer à faire sortir le compositeur et sa musique de l’oubli.